Toutes les femmes enceintes rêvent de la même chose : un bébé en bonne santé ainsi qu’un accouchement rapide, sans complications, le moins douloureux possible.
C’est pour cela qu’il n’y a pas qu’une seule et unique façon de mettre un enfant au monde. L’accouchement peut être médicalisé ou non, avec ou sans péridurale, à la maternité ou à domicile, etc.
Parmi les procédés et accouchement physiologique, on retrouve l’accouchement dans l’eau. Une pratique figurant de plus en plus sur les projets de naissance.
Répandue dans de nombreux pays anglo-saxons, elle reste encore assez rare en France. En effet, seules quelques maternités le pratiquent (on vous donne la liste des maternités où accoucher dans l’eau un peu plus bas).
D’ailleurs, il ne fait pas l’unanimité auprès du corps médical. Pourtant, accoucher dans l’eau présenterait plusieurs avantages : dilatation du col de l’utérus plus rapide, contractions moins douloureuses, travail accéléré… Alors qu’en est-il vraiment ? Est-il fait pour vous ? On fait le point sur toutes les facettes de l’accouchement aquatique.
Définition : qu’est-ce qu’un accouchement aquatique ?
L’accouchement dans l’eau (ou accouchement en piscine) est une méthode physiologique. Le bébé vient au monde par voie basse, dans une baignoire de naissance. L’eau, chauffée à 37 degrés Celsius, apporte un sentiment de légèreté, d’apesanteur et de bien-être à la future maman. Grâce à ses propriétés antispasmodiques, elle atténue la douleur des contractions et détend les tissus. Tous les muscles se relâchent limitant ainsi les risques de déchirure.
L’accouchement dans l’eau séduit par sa promesse d’un environnement de naissance calme, naturel et sans stress. La légende voudrait même que les contractions soient quasi indolores.
Accouchement dans l’eau : mythes et idées reçues
Un accouchement sans douleur, c’est possible ? Aujourd’hui, dès que l’on parle d’une alternative à l’accouchement médicalisé, on entend tout et son contraire. La méthode aquatique ne fait pas exception. Voici donc la vérité sur les idées reçues qui reviennent le plus.
1. L’accouchement dans l’eau est l’accouchement le moins douloureux
❌ Faux !
Personne n’est égal face à la douleur. Les ressentis diffèrent d’une personne à une autre. Ainsi, l’eau tempérée pourra soulager une femme enceinte, quand elle n’aura presque pas d’effet sur une autre. Il suffit d’écouter les récits de naissance autour de vous : aucun ne se ressemble. Péridurale ou non, césarienne, épisiotomie… Même lorsque les circonstances sont similaires, le vécu diverge. On ne peut donc pas affirmer fermement que l’accouchement dans l’eau est la méthode d’accouchement la moins douloureuse.
En revanche, ce qui est prouvé, c’est l’effet antalgique de la chaleur de l’eau ainsi que la contre-pression sur le périnée. Le travail dans la baignoire induit aussi moins de stress, ce qui peut jouer sur la perception de la douleur.
2. Tout le monde ne peut pas accoucher dans l’eau
✅ Vrai !
Avec ce type d’accouchement naturel, la baignoire représente un obstacle pour le corps médical. En cas de complications, la sage-femme ou l’obstétricien mettent plus de temps à intervenir. C’est pourquoi l’accouchement dans l’eau est interdit pour les grossesses dites « à risques ».
Voici la liste des conditions à remplir pour accoucher dans un bassin :
- le travail doit se déclencher spontanément et à terme ;
- la future maman doit être en bonne santé (pas de diabète gestationnel, d’hypertension artérielle ou d’autre pathologie, liée à la grossesse ou non) ;
- pas de grossesse multiple ;
- le bébé doit se présenter la tête en bas (et non par le siège), avoir un bon rythme cardiaque et ne pas avoir de malformation (soupçonnée ou avérée).
D’autre part, l’accouchement dans l’eau est interdit lorsqu’il y a des pertes de sang suspectes, un liquide amniotique coloré ou un placenta praevia (mal placé). Il s’agit aussi d’une méthode peu recommandée dans le cas d’un travail trop long ou d’une progression anormale du fœtus.
3. En accouchant dans l’eau, le bébé risque de se noyer
❌ Faux !
In-utero, le bébé baigne dans le liquide amniotique. De plus, il ne prend sa première respiration qu’au moment où il entre en contact avec l’air libre. L’environnement aquatique ne représente donc aucun danger, puisqu’il ne respire pas tout de suite.
4. L’accouchement en piscine est rare en France, car trop dangereux
✅ Vrai… et faux !
La première partie est exacte. Peu de femmes accouchent dans l’eau, en France, aujourd’hui. Beaucoup de maternités possédant une salle physiologique (ou nature) sont équipées d’une baignoire, mais elle sert surtout pour le travail. Au moment de la poussée, la maman est invitée à sortir de l’eau. D’ailleurs, ces établissements parlent plutôt de « baignoire de dilatation ». Les femmes profitent des bienfaits de l’eau chaude pour vivre au mieux les contractions, mais n’accouchent pas dedans.
En revanche, il serait faux d’affirmer que l’accouchement dans l’eau est trop dangereux. Dans les faits, il y a surtout un manque de formation du personnel soignant ainsi qu’un manque d’équipement des maternités. Toutefois, cela reste probablement dû aux réticences du corps médical face à cette méthode physiologique. Pour beaucoup, les risques en cas de complications seraient trop importants.
Cependant, une récente étude britannique (publiée en juin 2024) a publié des données rassurantes. Selon ces éléments, accoucher dans une baignoire ne serait finalement pas plus dangereux qu’un accouchement classique (lorsque la grossesse, la future maman et le bébé remplissent les conditions préalables à un tel scénario, évidemment).
Choisir d’accoucher dans l’eau : le pour et le contre
Alors est-ce une bonne idée d’accoucher dans l’eau ? Eh bien, les avis restent assez mitigés, en France.
Inconvénients de l’accouchement en piscine
Les principales réticences des médecins concernent trois aspects.
- L’hygiène
Même avec une eau stérilisée, le risque infectieux, pour le bébé ou la future maman, reste présent. Au cours du travail, l’eau peut être contaminée par des pertes de sang, par exemple. - L’entrave de la baignoire
Ensuite, comme mentionné plus haut, la baignoire représente un obstacle. En cas d’urgence, elle rallonge le temps de réaction du corps médical. Imaginez devoir faire sortir une femme de la baignoire alors qu’elle est en plein travail… Cela peut faire perdre un temps précieux. - Le manque de contrôle.
Enfin, les sages-femmes ne peuvent qu’espérer que tout se passe bien, car leur intervention se voit limitée au strict minimum. Elles peuvent difficilement agir sur le périnée pour éviter une déchirure (l’épisiotomie est d’ailleurs déconseillée) ou dégager les épaules du bébé. De même, la gestion du cordon ombilical pose plus de problèmes dans l’eau.
Néanmoins, il ne s’agit pas d’une généralité, car certaines baignoires sont assez grandes pour que la sage-femme puisse également y entrer. Dans ce cas, elle peut davantage aider la maman et le bébé.
Avantages de la naissance aquatique
Controversé pour toutes ces raisons, l’accouchement aquatique comporte néanmoins plusieurs avantages. En plus de la chaleur de l’eau qui détend, réduit les douleurs et facilite l’ouverture du col de l’utérus, on note :
- une ambiance plus intimiste, moins stressante ;
- une naissance physiologique où la maman est active, en contrôle de ses ressentis ;
- une liberté de mouvements ;
- un travail et une récupération souvent plus rapides ;
- moins de risque de déchirure ;
- une expérience globale plus positive.
Plusieurs témoignages de sages-femmes affirment également que les bébés qui naissent dans l’eau sont plus apaisés. Passer du liquide amniotique à un autre liquide chaud avant d’être en contact avec l’air amenuiserait le « traumatisme de la naissance ». Enfin, l’accouchement dans l’eau facilite le peau à peau dès les premiers instants du nouveau-né.
Pour les femmes, c’est une réelle satisfaction. Elles se sentent actrices d’un moment très important dans leur vie de femme. Elles se sentent écoutées, entendues et respectées dans leurs choix. D’un point de vue médical, ça permet d’atténuer la douleur. Ce n’est jamais aussi efficace qu’une péridurale, c’est sûr, mais ce côté d’analgésie non thérapeutique est souvent mentionné par les femmes. Le phénomène de flottabilité est beaucoup décrit aussi. Elles se sentent mieux dans l’eau. Au niveau du ressenti de l’équipe, on est très fiers à la maternité de pouvoir proposer cela.
Julie, sage-femme à la maternité de Tourcoing
(extrait de propos recueillis par le podcast Le micro des gynéco)
Bien vivre son accouchement dans l’eau
Lorsque l’on souhaite donner naissance naturellement, sans péridurale, il faut avoir une certaine volonté. Sans le mental, la douleur des contractions peut vite nous faire oublier le projet initial. Il existe également des techniques pour se préparer et vivre au mieux les contractions. Enfin, savoir à quoi s’attendre aide à se projeter et à réagir convenablement le jour J.
Comment se prépare-t-on à accoucher dans une baignoire ?
Comme pour toutes les grossesses, les cours de préparation à la naissance ne sont pas obligatoires. Toutefois, ils sont d’autant plus recommandés en cas d’accouchement aquatique. À partir du 5e mois de grossesse, votre sage-femme référente pourra vous proposer des séances en piscine. Au programme ? Relaxation, renforcement musculaire (notamment de la zone périnéale) et exercices de respiration.
Comment se passe un accouchement dans l’eau ?
Lors de votre arrivée à la maternité, une sage-femme vous posera un cathéter. En cas de problème, cet accès veineux permettra de réagir rapidement (si vous avez besoin d’une anesthésie, par exemple).
Ensuite, la baignoire sera remplie d’une eau tempérée (37°C) et stérilisée contenant du sel marin. De cette façon, l’eau possédera le même taux de sel que le corps. Enfin, des capteurs étanches sont placés dans la baignoire ou sur le ventre de la future maman pour le monitoring. Ils permettent d’écouter les battements de cœur du bébé. Vous pouvez alors entrer dans l’eau.
La baignoire possède plusieurs poignées et barres d’appui. Vous pouvez vous mettre dans la position la plus confortable pour vous, vous redresser, sortir, revenir, etc. Selon les agréments de votre maternité, vous pouvez rester dans l’eau jusqu’à l’arrivée du bébé ou bien seulement pour le travail. Le cas échéant, au moment de la poussée, vous vous installerez sur un lit/une table d’accouchement.
La sage-femme reste près de vous, attrape le bébé à son arrivée, puis le place sur votre ventre. Elle peut être accompagnée d’un gynécologue obstétricien pour surveiller que tout se passe bien. Ensuite, il vous faudra sortir de l’eau pour l’expulsion du placenta ainsi que les soins du cordon ombilical. La sage-femme pourra alors surveiller sereinement que vous ne fassiez pas d’hémorragie de la délivrance.
Et le co-parent dans tout ça ?
Naissance aquatique ou non, le rôle de l’accompagnateur, qu’il soit le co-parent ou autre, reste essentiel. La future maman a besoin de soutien et d’encouragements. Aidez-la en créant un environnement confortable et apaisant. Soyez aux petits soins et répondez à ses besoins. Avec la baignoire, la proximité est plus compliquée, donc les massages aussi. Toutefois, rien n’est impossible. Il suffit de s’adapter et de faire preuve de créativité.
Que se passe-t-il en cas de complications ?
Pas d’inquiétude. Si nécessaire, vous serez transférée vers une salle d’accouchement médicalisée ou directement au bloc opératoire (pour une césarienne d’urgence, par exemple). C’est pour cela que l’on vous pose un cathéter à votre arrivée. Si vous avez besoin d’une perfusion, l’intervention est plus rapide.
Accoucher dans une baignoire de naissance : la to-do liste
Vous savez désormais comment se déroule un accouchement dans l’eau. N’hésitez pas à poser toutes les questions qui vous traversent l’esprit lors de votre inscription à la maternité. On ne le répétera jamais assez : plus vous êtes informée, mieux vous êtes préparée pour le jour J. Voici une petite liste spéciale accouchement en piscine qui peut vous aider :
- S’informer. Il existe des livres, mais aussi des vidéos et des témoignages sur Internet, pour vous aider à mûrir votre projet.
- Établir un projet de naissance clair, en gardant en tête que rien n’est immuable. Si des complications surviennent ou que vous souffrez trop, vous pourrez revoir le plan initial. Ne culpabilisez pas. Concentrez-vous sur votre bien-être et celui du bébé. Accoucher, ce n’est pas une compétition.
- Valider le projet avec les professionnels qui suivent la grossesse. Il faut trouver l’équilibre entre le souhait des parents et la réalité médicale.
- Faire de l’aquagym prénatale.
- Trouver une maternité qui pratique les accouchements dans l’eau.
- Noter toutes les questions à poser lors de votre inscription.
- Préparer ses affaires pour le jour J.
Accouchement aquatique : FAQ
Où peut-on accoucher dans l’eau en France ?
L’accouchement dans un bassin peut se dérouler dans une maternité ou à domicile. Attention, dans ce dernier cas, il faut trouver une sage-femme spécialisée. Il faudra aussi s’équiper (thermomètre pour l’eau, bassin ou baignoire adaptée, protections imperméables, couverture, etc.). Rendez-vous sur le site de l’APAAD (Association professionnelle de l’accouchement accompagné à domicile) afin de trouver les professionnels de santé qualifiés pour ce type d’accouchement autour de chez vous.
Du côté des hôpitaux et des cliniques, peu d’établissements pratiquent l’accouchement aquatique en France. De ce fait, vous avez plus de chances d’en trouver un près d’une grande ville qu’à la campagne. Voici la liste connue à ce jour (partagée par l’AFNA, Association Française de Naissance Aquatique).
Liste des 9 maternités en France où accoucher dans l’eau :
- Maternité des Lilas, 12 rue du Coq Français – 93260 Les Lilas
- Centre Hospitalier de Guingamp (22)
- Maternité d’Arcachon
- Hôpital des Métallurgistes Pierre Rouques Les Bluets – 75012 Paris
- Clinique Générale de l’Etang De Berre à Vitrolles 13127
- Centre hospitalier du Haut Bugey, 01100 Oyonnax
- Centre hospitalier Annecy Genevois, site de Saint Julien en Genevois, 74160
- Centre hospitalier BRON, 59200 Tourcoing
- Centre hospitalier intercommunal de Wissembourg, 67166 Wissembourg
Où accoucher dans l’eau à Paris ?
Une seule maternité propose un accouchement dans l’eau à Paris dans le 12ème arrondissement : l’hôpital des Métallurgistes Pierre Rouques (Maternité Les Bluets).
Adresse : 4 rue Lasson 75012 Paris
C’est un hôpital labellisé « Amis des bébés » ❤️
Faut-il prévoir une tenue particulière pour accoucher dans l’eau ?
Cela sera à vérifier auprès de l’établissement de votre choix. Toutefois, en règle générale, il n’y a aucune exigence particulière. L’important est que vous soyez à l’aise. Certaines femmes préfèrent être nues, d’autres optent pour un haut de maillot de bain ou un haut court et près du corps. Prévoyez surtout une grande serviette ou un peignoir, pour votre sortie de bain ainsi qu’une tenue confortable, pour l’après.
Peut-on avoir une péridurale et accoucher dans une baignoire ?
Non. Si vous choisissez d’accoucher dans l’eau, vous ne pourrez pas avoir de péridurale. Bien sûr, si vous souffrez trop et que vous changez d’avis, vous pourrez alors faire appel à l’anesthésiste et basculer vers un accouchement plus « classique » (= médicalisé).
Si on devait résumer…
Chère future maman, l’accouchement dans l’eau, c’est pour vous si :
- ✅ votre grossesse ne présente aucun risque ;
- ✅ vous avez peur ou ne voulez pas de la péridurale ;
- ✅ vous souhaitez savoir ce que cela fait d’accoucher naturellement ;
- ✅ vous voulez être libre de vos mouvements le jour J ;
- ✅ vous cherchez une façon naturelle d’atténuer les douleurs des contractions ;
- ✅ vous avez vraiment envie d’accoucher ainsi.
Accoucher dans l’eau, ce n’est pas pour vous si :
- ⛔ vous attendez des jumeaux (ou plus) ;
- ⛔ votre grossesse est reconnue comme « à risques » ;
- ⛔ vous souffrez de certaines pathologies (dues à la grossesse ou non) ;
- ⛔ vous êtes d’un naturel anxieux et que vous craignez des complications ;
- ⛔ vous avez besoin d’un environnement médicalisé pour vous sentir rassurée.